Publié le 7 février 2017

Pour l’accès à la santé, faisons confiance à l’économie sociale et solidaire (ESS) !

Le quinquennat a été marqué par la grande loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) du 31 juillet 2014. Mais pour le secteur mutualiste, membre à part entière de l’ESS, ces dernières années ont été rudes, avec des dispositions qui ont limité les marges de manœuvre et les capacités d’innovation des mutuelles. Demain, la santé doit être un axe de différenciation. Les acteurs non lucratifs ont un rôle original, solidaire et de proximité à jouer dans l’offre de santé.

 

Cela devient un lieu commun, un poncif, tout le monde s’accorde à dire que le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) est primordial. C’est un secteur économique qui crée des emplois : 2,4 millions au total, près de 100.000 dans le secteur mutualiste. Il apporte des services incontournables. En ce qui nous concerne, ce sont des services assurantiels, des services de soins et d’accompagnement dans tous les territoires et dans des lieux souvent délaissés par les pouvoirs publics.

Le secteur de l’ESS participe à l’aménagement du territoire et est vecteur de cohésion sociale. Enfin, il est vertueux, ne vise pas le profit et dispose de structures favorisant une prise de décision équilibrée, démocratique… et incroyablement résiliente comme l’ont démontré un grand nombre d’études. Selon un sondage réalisé par Viavoice pour le compte d’Harmonie mutuelle, l’ESS est perçue comme crédible par 70% des Français et apparaît comme un modèle économique d’avenir pour 68% d’entre eux !

 

L’économie sociale et solidaire (ESS) est perçue comme crédible par 70 % des Français.

 

Et pourtant, si l’on souhaitait déstructurer l’ESS, on ne s’y prendrait sans doute pas autrement… Pour le secteur mutualiste, les dernières années ont été édifiantes :

  1. augmentation des taxes (aucun autre secteur économique n’ayant été soumis à de telles augmentations !) ;
  2. appels d’offres et contraintes portant sur le champ des possibles pour la santé complémentaire ;
  3. limitation du champ des réseaux de soins alors même que ces derniers ont donné la preuve de leur efficacité et alors même qu’on ne cesse de dire qu’un problème d’accès aux soins se pose ;
  4. contraintes prudentielles renforcées alors que le secteur mutualiste a plutôt démontré sa capacité à ne pas céder à l’ivresse des marchés financiers…
  5. Alors certes, il y a eu une grande loi sur l’ESS et des promesses ont été faites sur la modernisation du Code de la Mutualité. Mais cela suffira-t-il à enrayer une dynamique qui consiste à limiter nos marges de manœuvre, à limiter notre capacité à innover, à proposer des solutions sur les territoires qui soient dans l’intérêt de nos adhérents ?

 

« Le village gaulois de l’ESS doit savoir faire front commun. »

 

L’autre faiblesse de l’ESS, c’est aussi, admettons-le, son côté « village gaulois », son morcellement… Les acteurs de l’ESS ont donc aussi des efforts à fournir pour clarifier auprès du grand public leur positionnement mais aussi, pour davantage faire front commun pour proposer des solutions et mieux les valoriser. Agir et peser doivent être les deux piliers de la feuille de route de l’ESS.

La santé doit, plus qu’aujourd’hui, constituer dans les années à venir un axe de développement différenciant de l’ESS. Nous sommes convaincus que les acteurs non lucratifs, comme tenu de leurs ambitions communes et de leur histoire, ont un rôle original, solidaire et de proximité à jouer dans l’offre de santé et, plus largement, dans l’ensemble des événements de vie de nos concitoyens. Nous y sommes prêts. C’est donc un appel aux pouvoirs publics : faites nous confiance, laissez-nous de vraies marges d’innovation et de coopération… et une main tendue à nos partenaires !

 

Dominique Salabert, Secrétaire général d’Harmonie mutuelle,
et Marie-Pierre Le Breton, membre du Comité exécutif d’Harmonie mutuelle