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Publié le 18 mai 2022

61 %

C’est la part des salariés du secteur privé qui n’ont pas bénéficié d’une visite avec un service de médecine du travail au cours de l’année

Chiffre de la semaine

Le rôle du médecin du travail est principalement préventif. Il surveille l’état de santé des travailleurs tout au long de leur parcours professionnel, selon leur âge, les risques concernant leur sécurité, leur santé et la pénibilité au travail. Il assure également un rôle de conseil auprès de l’employeur, des travailleurs et des représentants du personnel sur les mesures nécessaires portant sur les risques professionnels, l’amélioration des conditions de travail, la prévention face aux addictions, face au harcèlement moral. Enfin, il réalise les campagnes de vaccination et de dépistage.

 

Un suivi médical moins fréquent en lien avec la diminution des effectifs de médecins du travail

5 373 médecins du travail exercent en 20211. La médecine du travail est la spécialité médicale qui a connu la plus grande diminution d’effectif ces 10 dernières années : entre 2010 et 2021, les effectifs ont diminué de 20 %, soit 1 063 médecins, selon les données du Conseil national de l’ordre des médecins2.

La conséquence directe de ce phénomène est la diminution du suivi médical des salariés. Alors qu’en 2005, 70 % des salariés du privé indiquaient avoir eu une visite avec un médecin du travail ou un infirmier au cours des 12 derniers mois, ils étaient seulement 51 % en 2013 et la diminution se poursuit puisqu’en 2019, ils ne sont plus que 39 %3 – cf. graphique. De plus, en 2018, 28 % des salariés du privé n’avaient pas eu de visite de suivi depuis 2 ans ou plus, contre seulement 13 % en 2013.

Fréquence des visites avec un service de santé au travail (en %)

Sources : Enquêtes Conditions de travail 2005, 2013 et 2019, Dares.
Note de lecture : en 2019, 39 % des salariés répondaient avoir eu une visite médicale en santé-travail depuis moins d’un an, contre 70% en 2005. Champ : salariés du secteur privé.

Un suivi qui varie en fonction des catégories socioprofessionnelles4

Dans le secteur privé, les ouvriers sont les plus nombreux à avoir bénéficié d’une visite au cours des deux dernières années. C’est le cas de 78 % d’entre eux en 2019, contre 63 % des employés, 73 % des cadres et 74 % des professions intermédiaires. En 2005, les ouvriers étaient déjà la catégorie socio-professionnelle la mieux suivie, mais c’était alors 92% d’entre eux qui avaient reçu une visite au cours des deux dernières années.

Un des facteurs prédominants dans le suivi des salariés est la taille de leur entreprise. Alors que parmi les entreprises ayant plus de 50 salariés, 77 % des collaborateurs ont eu accès à un service de santé au travail au cours deux dernières années, ils sont 67% parmi les entreprises de petites tailles (entre 1 et 9 salariés).

Phénomène inquiétant : les visites au cours des deux dernières années sont également moins fréquentes parmi les salariés exposés à des contraintes physiques (charges lourdes, exposition à la fumée, exposition aux produits dangereux, travail de nuit). Parmi eux, les travailleurs nocturnes ont connu une moindre baisse du suivi : 88 % en 2019 contre 92 % en 2005 (-4 %), alors que les travailleurs supportant des charges lourdes étaient 70 % à avoir eu un suivi en 2019 contre 84 % en 2005 (-14 %).

Enfin, même les salariés ayant déjà subi un accident du travail ont connu une baisse de leur suivi médical de 13 % entre 2005 et 2019.

1 – Drees (2022), Démographie des professionnels de santé
2 – CNOM (2021), Atlas de la démographie médicale en France – Situation au 1er janvier 2021.
3 – Dares (2021), « Quelle est l’évolution de la fréquence du suivi des salariés par les services de santé au travail ? » ; Dares analyse n° 72, déc.
4 – Dares (2021), op. cit.