Grand Oral - Le replay

Présidentielle, la santé vue par les candidats

Le Replay

Le 1er mars 2022, la Mutualité Française a organisé le Grand Oral au Palais Brongniart. Mettant la santé au cœur du débat politique et public, l’événement a réuni quatre des principaux candidats à l’élection présidentielle : Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Fabien Roussel et Valérie Pécresse. L’occasion pour eux de présenter leur programme santé et protection sociale, mais aussi d’aborder les sujets qui préoccupent les Français. Retrouvez le replay du Grand Oral et le résumé de l’intervention de chaque candidat.

Les interventions
Yannick Jadot : la santé comme priorité

Pour sa première participation à l’élection présidentielle, le candidat d’Europe Écologie Les Verts a tenu à participer au Grand Oral pour présenter ses mesures en faveur de la santé et de la protection sociale. Reprenant certaines propositions de son programme, Yannick Jadot a réaffirmé sa volonté de faire de la santé l’une de ses priorités s’il est élu.

Yannick Jadot : 1 programme, 3 priorités pour 2022

Rappelant tout d’abord que la santé a toujours été au cœur du projet écologique, Yannick Jadot a profité de sa présence au Grand Oral pour aborder les trois priorités de son programme santé pour 2022.

  1. Remettre l’hôpital public au cœur de la politique de santé : le député européen a réaffirmé sa volonté de recruter 100 000 infirmiers et de renforcer l’attractivité du secteur, notamment par de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires.
  2. Faire de la santé environnementale une priorité: pour cela, le candidat d’Europe Écologie Les Verts a affirmé son ambition de renforcer la prévention.
  3. Agir pour la santé au travail: le candidat écologique propose notamment de reconstruire un compte personnel de prévention des risques de pénibilité.

La santé a toujours été une des priorités du projet écologique

Yannick Jadot au Grand Oral

 

Souhaitant « une protection sociale démocratisée », le candidat EELV a également reconnu la légitimité des mutuelles dans notre système.

Les réponses de Yannick Jadot sur son programme santé

Comme les trois autres candidats après lui, le député européen a pu répondre à plusieurs questions posées par des acteurs du monde de la santé et de la protection sociale, à savoir :

  • Catherine Grandpierre, membre du bureau de la Mutualité Française ;
  • et Gabrielle Halpern, experte associée à la Fondation Jean Jaurès.

Interrogé sur son programme pour 2022, Yannick Jadot a notamment déclaré vouloir :

  • légaliser le cannabis et renforcer la prévention ;
  • faire de l’obésité une ALD (affection de longue durée) ;

Je veux créer 2 000 postes (…) pour être en capacité d’accompagner les enfants.

Yannick Jadot au Grand Oral

 

  • créer un revenu citoyen pour que personne ne vive avec moins de 920 € ;
  • supprimer le numérus clausus et inciter les médecins à s’installer au sein des déserts médicaux ;
  • interdire l’installation d’Ehpad privés à but lucratif;
  • modifier les droits de succession afin de bénéficier d’une enveloppe supplémentaire de huit à neuf milliards d’euros ;
  • assurer un ratio de 8 soignants pour 10 pensionnaires.

Le programme santé-protection sociale de Yannick Jadot

Anne Hidalgo : la santé et la protection sociale comme fondamentaux

Second candidat à prendre la parole, la maire de Paris a profité du Grand Oral pour dresser ses grands projets pour la France. La santé publique, la lutte contre les déserts médicaux ou encore la santé mentale : autant de thèmes abordés dans son programme qu’Anne Hidalgo a eu l’occasion d’expliquer.

La santé publique, un enjeu du programme de Hidalgo pour 2022

Arguant que « la santé est mise à mal », la candidate du Parti socialiste a tenu à rappeler que, pour elle, les questions de protection sociale et de santé sont fondamentales. Comme elle l’exprime à travers son programme à l’élection présidentielle, Anne Hidalgo a ainsi abordé plusieurs thématiques centrales de sa campagne.

  • L’hôpital public: la maire de Paris entend augmenter le nombre de soignants, tout en leur faisant bénéficier de meilleures conditions de travail. La candidate socialiste souhaite également réformer le financement de l’hôpital, et ce, en lui attribuant des moyens en fonction des besoins de santé publique.

Nous devons absolument considérer (…) la santé publique (…) comme un bien commun.

Anne Hidalgo au Grand Oral

 

  • Les déserts médicaux: reprenant une mesure de son programme politique pour 2022, Anne Hidalgo a rappelé son ambition d’utiliser la 4e année d’internat comme une année de professionnalisation, en échange d’une rémunération de 3 500 €. Selon la candidate, cela permettra de déployer « 4 000 internes dans les différents déserts médicaux ».
  • La Grande Sécurité sociale : la candidate PS a réaffirmé son opposition à la Grande Sécurité sociale. Elle en a également profité pour souligner que, pour elle, les mutualistes sont essentiels au système de santé car garants de la démocratie sanitaire.

 

La santé mentale : la grande cause du programme de Hidalgo

Matthias Savignac, vice-président de la Mutualité Française, et Angèle Malâtre-Lansac, directrice déléguée à la santé de l’Institut Montaigne, ont ensuite interrogé Anne Hidalgo sur son programme santé et protection sociale, et ce, sur plusieurs points spécifiques. L’occasion pour la candidate du Parti socialiste de clarifier sa vision et ses ambitions :

  • réformer le régime de la succession pour récupérer « 50 milliards de recettes nouvelles » ;
  • allouer 14 milliards de ces nouvelles recettes à des mesures sociales relatives aux services publics et à la santé ;

Moi, je fais le choix d’une société équilibrée. D’une société qui prend soin les uns des autres.

Anne Hidalgo au Grand Oral

 

  • faire de la santé mentale la grande cause de son quinquennat, notamment pour diminuer de 20 % les suicides ;
  • maintenir l’âge de départ à la retraite et rétablir des critères de pénibilité ;
  • augmenter le minimum contributif à 1 200 € et le minimum vieillesse à 1 000 € ;
  • individualiser l’AAH (allocation aux adultes handicapés) dès le début de son quinquennat.

Le programme santé-protection sociale d’Anne Hidalgo

Fabien Roussel : un programme sous le signe des jours heureux

Comme ses deux adversaires avant lui, Fabien Roussel a pu évoquer son programme pour 2022, intitulé « La France des jours heureux ». À l’occasion de sa première candidature à l’élection présidentielle, le candidat du Parti communiste français (PCF) est revenu sur certaines de ses propositions, orientées notamment autour de la construction d’une Grande Sécurité sociale.

La reconstruction d’une Grande Sécu comme projet de campagne

Rappelant tout d’abord qu’il a placé sa campagne « sous le signe des jours heureux », Fabien Roussel est parti d’un constat : « la protection sociale dans notre pays recule. Les inégalités sociales de santé se creusent et les déserts médicaux avancent ». Pour remédier à cette situation, le député du Nord a égrené plusieurs propositions, et ce, sur plusieurs thématiques majeures.

Notre projet, c’est de reconstruire une Grande Sécurité sociale du XXIe siècle en comptant toujours sur le rôle multi-centenaire des mutuelles.

Fabien Roussel au Grand Oral

 

  • Le remboursement des soins: comme il l’exprime à travers son programme à l’élection présidentielle, Fabien Roussel a pour projet de « reconstruire une Grande Sécurité sociale du XXIe siècle ». L’objectif ? Garantir une prise en charge des soins courants à 100 % par l’Assurance maladie.
  • Le système de santé: cette Grande Sécurité sociale, le candidat communiste souhaite qu’elle s’appuie sur l’hôpital public, la médecine ambulatoire et un réseau de centres de santé. Un système dont le financement reposera sur la cotisation et non plus sur la tarification à l’activité (T2A).
  • Le rôle des mutuelles: considérant que le mouvement mutualiste « n’est pas motivé par des objectifs de rentabilité imposés par des (…) actionnaires », Fabien Roussel désire que les mutuelles soient complémentaires de son projet de Grande Sécu afin qu’elles jouent un rôle dans tous les domaines de la santé (prévention, promotion de la santé publique, etc.).

Impliquer davantage l’État dans la santé : un objectif du programme de Roussel

Dominique Joseph, secrétaire générale de la Mutualité Française, puis Mathilde Tchounikine et Dominique Réynié, respectivement chargée de mission et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, se sont ensuite livrés à un jeu de questions-réponses avec Fabien Roussel au sujet de son programme santé pour 2022. Le candidat du PCF a ainsi pu réaffirmer ses positions :

  • faire appliquer la loi Leonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie ;
  • retrouver une souveraineté en matière d’accès aux soins et de production de médicaments au niveau national et européen ;
  • assurer une participation de l’État à l’actionnariat des laboratoires pharmaceutiquesafin de conserver une maîtrise de la production ;
  • garantir un investissement plus important dans la recherche ;
  • créer un établissement public rassemblant l’ensemble des acteurs de la recherche et de la santé pour qu’ils travaillent tous ensemble ;
  • garantir un ratio d’un soignant pour une personne âgée en établissement médicalisé ;
  • embaucher 300 000 personnels soignants en cinq ans.

C’est un effort global que nous devons avoir : rendre attractive toute la France (…) la France des jours heureux.

Fabien Roussel au Grand Oral

 

Le programme santé-protection sociale de Fabien Roussel

Enquête Harris Interactive : la santé, une préoccupation majeure des Français

Entre l’intervention de deux candidats, Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive, est revenu sur une enquête menée pour le compte de la Mutualité Française. L’enjeu ? Mieux contextualiser les propositions des intervenants du jour, au regard des attentes des Français. Première constatation : comme lors de la précédente élection du Grand Oral, la santé reste l’une des préoccupations majeures de nos concitoyens.

Deux tiers de la population déclarent que la santé n’est pas suffisamment présente dans le cadre de la campagne présidentielle.

Jean-Daniel Lévy au Grand Oral

 

Comme le montre l’enquête, l’accès aux soins et les déserts médicaux constituent deux des principaux problèmes identifiés par les Français. Jean-Daniel Lévy rappelant d’ailleurs que « un Français sur deux a dû refuser ou décaler un rendez-vous avec un professionnel médical (…) soit faute de rendez-vous, soit faute de moyens ». Pour autant, il y a aussi du positif, à l’image de la mise en place du reste à charge zéro, salué par deux tiers des sondés. Puis de dresser un diagnostic du système de santé tricolore : « Est-ce que la Sécurité Sociale fonctionne bien ? Pas toujours. (…) Faut-il pour autant tuer la promesse de ce que peut être la Sécurité Sociale à l’avenir ? La réponse est non ».

Valérie Pécresse : un programme axé sur la décentralisation et la formation

Ultime candidate à prendre la parole, Valérie Pécresse a, elle aussi, pu revenir sur son programme pour l’élection présidentielle de 2022, baptisé « Le courage de dire, la volonté de faire ». Décentralisation, prévention et formation ont été les maîtres-mots de la candidate Les Républicains (LR).

La volonté de décentraliser le système de santé

Dénonçant un problème d’efficacité, de souveraineté, d’accès aux soins et de moyens, responsable selon elle d’un « système de santé en grande souffrance », Valérie Pécresse a détaillé plusieurs objectifs de son programme santé pour 2022 afin de remédier aux maux qu’elle a identifiés.

  • La décentralisation: comme elle le propose dans son programme à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse est revenue sur sa volonté de « décentraliser la gestion de l’offre de santé dans les territoires » en la confiant aux régions et en faisant des « départements le pilier de la politique médico-sociale ». La finalité ? Mettre fin aux déserts médicaux.
  • La création d’un statut de docteur junior: cette mesure phare du programme de Pécresse pour 2022 vise à envoyer 4 000 jeunes médecins généralistes au sein des « territoires carencés », et ce, par le biais d’une année d’études supplémentaires. En contrepartie, Valérie Pécresse prône une consultation à 30 € pour les généralistes et une révision des prix de toutes les consultations de spécialité et des actes.

Je veux maintenant un nouveau projet pour l’hôpital (…) cela voudra dire former deux fois plus de médecins dans le prochain quinquennat.

Valérie Pécresse au Grand Oral

 

  • Le délai d’accès aux soins : pour « diviser par deux le délai pour avoir des soins à moins de 30 minutes de chez soi », la candidate LR propose de donner davantage de responsabilités aux infirmiers, aux pharmaciens et aux sages-femmes, tout en créant des alliances territoriales de santé afin de « décloisonner l’hôpital public et privé ». Elle ambitionne également de recruter 25 000 soignants supplémentaires à l’hôpital.
  • La prévention : la présidente du conseil régional d’Île-de-France souhaite doubler les moyens offerts à la prévention, notamment pour qu’elle soit menée sur le terrain (à l’école et au sein des entreprises). Son objectif ? « Gagner trois ans d’espérance de vie en dix ans ».

Un travail qui paie : une ambition du programme de Pécresse

Suite à la présentation de son programme politique pour l’élection de 2022, Valérie Pécresse a eu l’occasion de répondre aux questions de deux intervenants :

  • Patrick Brothier, vice-président de la Mutualité Française ;
  • et Thierry Pech, directeur général de Terra Nova.

La candidate Les Républicains a ainsi pu revenir, plus en détails, sur certaines de ses ambitions pour la France :

  • rendre obligatoire le statut de docteur junior à partir de 2025, corrélé à la réalisation d’une année supplémentaire de formation sur le terrain ;
  • doubler le nombre de professionnels de santé formés pendant le quinquennat ;
  • permettre aux patients d’évaluer l’hôpital afin de garantir une « performance publique » ;

L’objectif, c’est d’augmenter (…) de 10 % le salaire de façon à ce que le travail paie.

Valérie Pécresse au Grand Oral

 

  • augmenter de 10 % les salaires nets durant le quinquennat, notamment des infirmières et des sages-femmes ;
  • utiliser le numérique pour mieux soigner, notamment par la mise en place de cabines de télémédecine au sein des centres de soins infirmiers et dans les pharmacies.

Le programme santé-protection sociale de Valérie Pécresse

Clôture par Eric Chenut

C’est à Éric Chenut qu’est revenu le mot de la fin. Le Président de la Mutualité Française a tenu à rappeler que, comme l’ont démontré les candidats, l’accès aux soins est « un enjeu qui dépasse le clivage droite-gauche ». Et de conclure : « c’est bien cela l’essentiel, faire en sorte que nos concitoyens puissent choisir en tout connaissance de cause les 10 et 24 avril prochains ».