Publié le 2 mars 2022

Les données de santé, pilier de la politique de prévention

Notre système de santé est aujourd’hui à bout de souffle, en raison du déséquilibre systémique entre les deux versants de la médecine, la prévention (Hygée) et le soin (Panacée). En effet, nous soignons beaucoup mais prévenons peu. Nous consacrons chaque année 250 milliards d’euros à soigner des maladies qui auraient pu être évitées et qui nécessitent par la suite des consultations régulières, des traitements à vie, des hospitalisations répétées.

Pourtant, nous aurions pu prévenir la survenance de ces maladies et améliorer l’état de santé de la population par l’éducation de nos concitoyens, dès le plus jeune âge et dans tous les milieux, aux bons comportements en santé, par une approche populationnelle de la santé agissant sur les déterminants de santé, liés aux caractéristiques individuelles, aux milieux de vie, aux systèmes d’éducation et de santé, ou aux contextes socio-économiques. Mais peu de moyens sont alloués à cette politique de santé publique.

Par conséquent, la France détient plusieurs records :

  • Le record de longévité, car nous vivons longtemps.
  • Mais aussi, le record de vieillissement en mauvaise santé, en raison du vieillissement de la population, conjugué à la hausse des maladies chroniques.
  • Et, enfin, une différence de 13 ans entre l’espérance de vie des plus aisés et des plus pauvres.

Il est urgent d’agir en faveur de la santé publique. Pour cela, nous devons utiliser les données de santé, les étudier, les analyser et les interpréter, pour mettre en œuvre une politique cohérente et adaptée.

Nous le savons, les outils digitaux et numériques sont appelés à transformer notre système de santé. Ils s’appuient sur des algorithmes puissants, capables d’analyser toutes les données relatives à une personne (âge, sexe, poids, symptômes, antécédents personnels et familiaux, activités physiques, traitements médicaux, etc).

  • Jusqu’à ce jour, elles sont essentiellement axées sur la recherche essentiellement thérapeutique.
  • Par le recueil, la centralisation et l’analyse des données de santé, nous pourrons mieux observer et améliorer notre système de santé, évaluer et comparer les différentes explorations diagnostiques ou de prises en charge thérapeutiques.
  • La crise sanitaire a été riche en enseignements concernant l’utilisation des données de santé à des fins épidémiologiques Elles se sont révélées indispensables pour le contrôle de la propagation du virus par des actions de prévention ciblées et de vaccination.

Nous devons généraliser l’usage des données de santé en épidémiologie. Au service de la politique de santé publique, ces données nous permettront d’adapter le message préventif suivant le public concerné : cibler les populations qui ne se dépistent pas, les interpeller, par courrier, ou via leur médecin traitant, en fonction de la consultation plus ou moins régulière de ce dernier.

Une centralisation et une analyse des données de santé nous permettraient :

  • De mettre en place des actions de prévention pertinentes, ciblées et différenciées.
  • D’améliorer la qualité des soins : éviter les chirurgies invasives non nécessaires, dupliquer les protocoles et technologies nouvelles sur l’ensemble de la France, etc.

Le numérique représente donc un enjeu majeur tant pour la recherche, que pour l’innovation, le diagnostic, l’épidémiologie et la santé publique.

En outre, renforcer la politique de santé publique implique une transformation profonde de notre système de protection sociale. En effet, une bonne santé implique une prise en charge plus importante de la politique de prévention. Pour ce faire, nous pourrions réfléchir à un nouveau partage de compétences entre l’assurance maladie et les complémentaires santé, déléguant plus fortement à ces dernières le volet préventif.