Publié le 14 mars 2022

Santé mentale et bien-être psychologique

La crise du COVID-19 a révélé les vulnérabilités que nous partageons tous, quelles que soient notre nationalité ou notre condition sociale. La santé mentale et le bien-être psychologique ont montré leur importance dans la résilience de notre système de protections sociales lorsque les personnels soignants ont été mis à forte contribution. La santé mentale et le bien-être psychologique sont ainsi un ciment essentiel faisant vivre les liens sociaux de notre société et garantissant notre mieux-vivre collectif.

Alors qu’une personne sur cinq souffrira de troubles mentaux dans sa vie, l’Organisation mondiale de la santé affirme depuis plusieurs années qu’il n’existe pas de santé sans santé mentale. Il est donc nécessaire d’agir concrètement sur les déterminants de la santé mentale (pauvreté, pressions socio-économiques, discriminations, changements sociaux, etc.) et sa promotion.

L’action sociale et l’accompagnement de toute forme de détresse sont au cœur de l’action de la Croix-Rouge française. C’est la raison pour laquelle elle se mobilise pour apporter un soutien psychosocial à tous ceux qui en ont besoin et ainsi faire de la santé mentale et du bien-être psychologique l’affaire de tous.

 

Comment faire de la santé mentale et du bien-être psychologique l’affaire de tous ?

L’importance de considérer la santé au sens de l’OMS, comme un état de bien-être physique, mental et social global, fait désormais l’unanimité. Pourtant, les personnes rencontrant des difficultés psychologiques et psychiques restent trop souvent confrontées à des discriminations et stigmatisations. Elles sont deux tiers à ne pas chercher d’aide et 42% à ne pas le dire à leur famille.

23,4 Milliards d’euros : la santé mentale est le premier poste de dépense pour l’Assurance maladie.

116 : le nombre de jours d’attente pour un premier rendez-vous en centres médico-psychologiques (CMP) selon l’étude de l’Agence régionale de santé Rhône-Alpes.

Source : Anticiper 2030 – Crises, Transformations et Résilience – Croix-Rouge française

Seule une approche globale de la santé permet de favoriser une logique préventive d’accompagnement. Il est nécessaire de sortir d’une relation hiérarchisée entre patient et sachant et de mieux reconnaître le rôle des acteurs de la société civile aux côtés des professionnels de santé. En lien avec les SAMU, CHU, Crous et les professionnels de santé, les associations ont joué un rôle déterminant dans la réponse à l’urgence en santé mentale liée à la crise Covid-19. Enfin, parce que la qualité et la pertinence des soins sont dépendantes du bien-être des professionnels de santé, il est primordial de prendre soin des acteurs de la santé.

 

Pour faire de la santé mentale et du bien-être psychologique l’affaire de tous, la Croix-Rouge française propose un “Plan quinquennal pour la santé mentale et le bien-être psychologique” mobilisant patients, familles, associations, médecins et professionnels du soin.

A l’instar du plan cancer de 2003, ce plan doit permettre de :

  1. Lutter contre la stigmatisation et la discrimination
  2. Développer la prévention en sensibilisant tout citoyen
  3. Faciliter l’accès aux soins en santé mentale et l’accompagnement psychologique
  4. Prendre soin des acteurs de la santé
  5. Développer la recherche pour fonder les pratiques sur des normes établies

En reconnaissant le rôle des associations dans la chaîne de prévention et de soutien, ce plan devra poursuivre le décloisonnement engagé lors de la crise et donner plus de responsabilités aux associations pour la formation aux premiers secours psychologiques.

Défi 1 : lutter contre la stigmatisation et la discrimination

Pour que la santé mentale et le bien-être psychologique puissent être perçus sans plus d’appréhension, et ne constituent plus un tabou, un important travail sur les représentations sociales doit être engagé. Cette ambition nécessite un changement de regard et de posture de tous, qui sera favorisé par le triptyque “Sensibiliser, Soutenir, Reconnaître ».

  • Sensibiliser par une communication nationale auprès du grand public et une sensibilisation du monde médiatique afin d’éliminer les stéréotypes et la propagation d’idées erronées sur la santé mentale et le bien-être psychologique.
  • Soutenir des politiques publiques favorisant l’empowerment, permettant aux personnes en souffrance de s’inclure socialement et professionnellement, pour être actrices de leur propre vie et de leurs soins.
  • Reconnaître et promouvoir le savoir expérientiel et un soutien aux programmes encourageant la pair-aidance.

 

Défi 2 : développer la prévention en sensibilisant tout citoyen

Que ce soit dans son entourage familial, amical, professionnel, toute personne connaît, a connu ou connaîtra une personne en souffrance psychologique. Le soutien psychosocial proposé par les acteurs du Mouvement International Croix-Rouge Croissant Rouge vise à soutenir les populations en situation de vulnérabilité et de fragilité en les aidant à identifier et mobiliser les ressources personnelles et communautaires disponibles, pour développer des mécanismes de résilience, d’adaptation et d’inclusion sociale.

Afin de favoriser les facteurs psychosociaux jouant un rôle protecteur en santé mentale, une politique citoyenne de santé mentale et de bien-être psychologique doit être basée sur :

  • La sensibilisation et l’éducation du grand public aux souffrances psychiques et aux comportements adaptés pour les soulager, par une large diffusion de la formation aux premiers secours psychologiques.
  • La sensibilisation des métiers susceptibles d’être fréquemment en contact avec des publics présentant des souffrances psychiques (tels les agents en santé, enseignants…).

 

Défi 3 : faciliter l’accès aux soins et l’accompagnement psychologique

Les prises en charge de personnes en souffrance psychique ou en mal-être psychologique sont souvent partagées entre plusieurs acteurs de différents secteurs (public, privé, libéral, sanitaire ou médico-social) parfois cloisonnés. Leur complexité nuit à leur efficience et peut contribuer à décourager les personnes qui devraient en bénéficier.

Afin de faciliter autant que possible l’accès aux soins en santé mentale et l’accompagnement psychologique, il est nécessaire de développer des dispositifs d’ »aller vers » pour :

  • Pérenniser la chaîne de prévention et de soutien mise en œuvre entre les services d’aide à distance et en santé et la psychiatrie de secteur ;
  • Favoriser le décloisonnement, la coordination et la collaboration entre les acteurs en santé mentale, en développant les partenariats institutionnels et privés ;
  • Encourager les dispositifs itinérants permettant l’accès aux publics les plus éloignés ou les plus discriminés ;
  • Faciliter l’accès à des soins gratuits ou « sans reste à charge » (sur le modèle du « forfait psy » proposé aux jeunes publics pendant la crise COVID).

 

Défi 4 : prendre soin des acteurs de la santé

Par la nature de leur mission, les soignants sont particulièrement exposés. Pourtant, la qualité du service qu’ils rendent à la population dépend de leur bien-être psychologique.

Afin de pouvoir assurer la qualité des soins et de soutien apportés aux publics, il est essentiel de veiller au bien-être des acteurs en santé, au quotidien comme en situation de crise, et de mettre à leur disposition des protocoles d’actions préventifs appropriés. Associations et pouvoirs publics doivent ainsi :

  • Faire de la santé mentale et du bien-être psychologique des acteurs de la santé une priorité, en renforçant notamment la formation initiale et continue, tout au long de la vie ;
  • Évaluer et prendre en considération les besoins spécifiques des acteurs en santé, en matière de santé mentale et de soutien psychosocial ;
  • Encourager tout dispositif favorisant le bien-être des acteurs de la santé ;
  • Organiser la supervision nécessaire leur permettant d’affronter les conditions stressantes de leurs missions.

 

Défi 5 : développer la recherche pour fonder les pratiques sur des normes établies à partir de données en santé mentale probantes

En matière de santé mentale et de soutien psychosocial, une action bien intentionnée mais mal pensée peut potentiellement faire plus de mal que de bien. Favoriser et adopter des approches fondées sur des données probantes, tout en permettant la formation régulière et la supervision des acteurs, réduira les risques de nuire, assurera le respect de la dignité des personnes aidées, et garantira la qualité des services fournis[1].

En vue d’élargir et d’améliorer la conception d’interventions de soutien psychosocial et leur mise en œuvre, de contribuer à l’élaboration de nouvelles interventions adaptées à l’évolution des contextes et des besoins, d’améliorer les connaissances et les pratiques, il apparaît indispensable aujourd’hui de :

  • Renforcer les relations entre les praticiens, les chercheurs, les décideurs et les responsables politiques[2];
  • Documenter les effets positifs et les freins identifiés dans les programmes de santé mentale, et de mener des recherches visant à améliorer la conception et la mise en œuvre des actions en santé mentale et soutien psychosocial ;
  • Améliorer les connaissances sur les contextes et besoins au travers de recherches spécifiques permettant d’adapter et d’assurer la qualité des interventions ;
  • Assurer la conception de normes et standards de qualité basés sur les données issues de recherches opérationnelles et ciblées.

 

[1]Résolution 6 de la politique adoptée dans le cadre du conseil des délégués du Mouvement Croix-Rouge/Croissant-Rouge en 2019

[2]Déclarations 21 à 23, issues du Sommet mondial de la santé mentale d’Amsterdam, en 2019